Après un stage fermé d’une semaine en octobre dernier, le Certificat de Formation à la Gestion Associative (CFGA) dédié aux femmes dirigeantes suit son cours ce mois de novembre. A l’issue de cette formation diplômante organisée par le CROS Mayotte, les stagiaires pourront envisager une nouvelle étape de leur vie de dirigeante sportive, avec de nouvelles compétences et donc de nouvelles responsabilités.
Depuis plusieurs années, le Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF) porte des actions favorisant la féminisation des instances dirigeantes sportives. A l’instar du programme intitulé « Dirigeantes », où des femmes bénévoles suivent des formations sur le management, la création d’un réseau politique ou la prise de parole en public. Représentant le CNOSF à l’échelle territoriale, le Comité Régional Olympique et Sportif (CROS) de Mayotte a, lui aussi, bon espoir de voir les Mahoraises se faire une place dans la gouvernance du sport.
Certes, beaucoup de chemins restent à parcourir. Au niveau national, Nathalie Péchalat (sports de glace) et Isabelle Jouin (hockey) sont les deux seules présidentes de fédérations françaises de sport olympique, sur les 36 existantes. A Mayotte, le déséquilibre est plus évident encore : sur les 15 ligues et comités sportifs mahorais existants, aucun n’est présidé par une femme.
Le premier Certificat de Formation à la Gestion Associative (CFGA) dédié aux femmes dirigeantes est organisé par le CROS Mayotte. Il fait suite à l’appel à projets de la Délégation Régionale aux Droits des Femmes et à l’Égalité Mayotte (DRDFE) et se veut porteur d’un message : la femme bénévole au sein d’une association sportive peut aussi diriger, gouverner, porter des projets et les mener à bien.
Depuis le mois d’octobre, le CFGA 100% féminin regroupe dix stagiaires, toutes bénévoles au sein d’une association sportive mahoraise. « L’objet de cette formation est d’amener les femmes du milieu du sport à prendre une place en tant que dirigeantes, et si elles sont déjà dirigeantes d’associations, de leur apporter des outils supplémentaires, de nouveaux acquis pour qu’elles puissent s’affirmer à leur poste », résume Zaharati Mohamed, chargée de missions CRIB du CROS
« Les thématiques abordées au cours de cette formation sont nombreuses », assure Irma Ali Soilihi, la cheffe de service. « Elles portent sur la loi 1901 et ses réglementations, sur le développement des projets de l’association, la conception d’une fiche action, la connaissance des différentes sources de financement, la réalisation d’un budget prévisionnel, la stratégie de communication, la gestion autour de la vie démocratique de l’association, la fidélisation des bénévoles ou encore les responsabilités juridiques en tant que dirigeant. »
« Le stage fermé était intense (…) je suis très satisfaite » Faoula Badja, coordinatrice de l’OMS Tsingoni
À Zaharati Mohamed de préciser. « Dans cette formation CFGA, on voit les sept ou huit thématiques habituelles, dont vient d’évoquer Irma. Mais là où ce CFGA 100% féminin est différent des CFGA classiques, c’est que nous avons ajouté, en plus, des modules spécifiques pour la thématique centrale qui est les femmes dirigeantes. » C’est, entre autres, l’un de ces modules spécifiques qui a attiré l’attention de Faoula Badja, coordinatrice de l’Office Municipal des Sports de Tsingoni, bénévole associatif au Combani Handball Club et stagiaire de la formation CFGA femmes dirigeantes.
« En tant que bénévole associative et salariée d’associations sportives depuis de nombreuses années, en métropole et maintenant à Mayotte, j’ai acquis beaucoup d’expériences. Mais je sais qu’il y a toujours de nouvelles choses à savoir ou à apprendre. J’attendais particulièrement le module sur la confiance en soi, sur lequel nous avons travaillé ce week-end. L’association Femix’Sports (association nationale créée en 2000 pour promouvoir la femme dans le sport, ndlr) a répondu à toutes nos questions par visio-conférence. Cela a répondu à mes attentes et à mes besoins pour m’améliorer dans ma structure », se réjouit-elle.
« Globalement, le stage fermé était intense dans le sens où il y avait beaucoup de choses à voir en une semaine, mais je suis très satisfaite. Reste maintenant à mettre en pratique tout ce qu’on a vu sur la partie théorique », ajoute Faoula Badja.
« Aujourd’hui, je pense être capable de monter un projet » Soazara Sulleman, présidente de la commission « Basket vivre ensemble » de la LRBBM
Et pour la partie pratique, le CFGA prévoit 20 jours d’immersion au sein d’une structure associative. « Ce n’est pas forcément dans leur association respective : elles peuvent choisir une autre structure », indique Zaharati Mohamed. Soazara Sulleman, présidente de la commission « Basket vivre ensemble » de la Ligue Régionale de Basket-Ball de Mayotte (LRBBM) et stagiaire de la formation, a déjà trouvé son tuteur en la personne de Daoulab Ali Charif, président du Basket Club M’tsapéré.
« Avant cette formation, il y avait beaucoup de choses que j’aurais aimé savoir et que j’ignorais. Aujourd’hui, je pense être capable de monter un projet ou de déposer un dossier de demande de subventions… Le président du BCM, qui maitrise assez bien ces questions, a accepté de m’accompagner. Durant ces 20 jours, il va me montrer concrètement comment il s’y prend administrativement, et surtout je vais lui présenter mes projets et il va me donner des pistes qui m’aideront à les monter. »
Soazara Sulleman souhaite concrétiser l’un de ses projets rapidement : un tournoi de handibasket que la dirigeante espère réaliser le 3 décembre prochain à l’occasion de la journée internationale du handicap. Après le stage fermé d’octobre et la session de ce samedi 6 novembre, les stagiaires du CFGA femmes dirigeantes se retrouveront lors d’une troisième et dernière session, le 27 novembre prochain. Au programme de cette ultime journée de formation, les dirigeantes mahoraises aborderont de nouvelles thématiques auxquelles elles sont ou peuvent être confrontées : « résolution des conflits », « affronter les critiques », « savoir dire non », « recadrer »…
Dhoimrati Salim Abdallah, éducatrice sportive à la mairie de Mamoudzou et présidente de la commission féminine du Comité Territorial de Rugby de Mayotte (CTRM), est d’ores et déjà convaincue de l’intérêt et du rendement de cette formation. « On accorde souvent des statuts aux femmes dans les associations alors qu’elles n’ont pas acquis les bases pour les assumer. Avec cette formation, on nous apprend beaucoup de choses, on nous montre la direction pour aller loin… On nous montre qu’être dirigeante sportive, ce n’est pas facile, mais qu’avec du travail, ce qui semble difficile peut être rendu facile. » Au bout de leur stage de 20 jours en structure associative, les dirigeantes sportives recevront leur diplôme de la part du CROS Mayotte. Cette cérémonie viendra conclure une première édition du CFGA femmes dirigeantes pleine de promesses.